Diodati-Galilée, la rencontre de deux logiques


Stephane Garcia
Université de Lausanne

Suisse



On se rend vite à une évidence en lisant la correspondance de Galilée : son attention est tournée vers le public italien (la langue dans laquelle il rédige ses ouvrages en témoigne) et vers les institutions qu'il juge à même de lui assurer une position sociale éminente (la cour de Toscane) et de légitimer ses théories (l'Accademia dei Lincei, les autorités ecclésiastiques romaines). Surtout, alors que l'astronomie d'observation entre dans une nouvelle ère grâce au télescope, il semble parfaitement étranger à tout esprit de collaboration avec d'autres savants (Kepler, Scheiner et Mersenne, entre autres, en font l'expérience).

Quand on analyse l'attitude de Diodati, au-delà de la différence de statut entre les deux hommes, c'est une conclusion contraire qui s'impose : en encourageant l'effort de communication entre savants européens, il cherche à jouer un rôle d'intermédiaire au sein de la République des lettres. Ce rôle lui est reconnu par ses contemporains, et il ne s'exprime mieux et de manière plus efficace que dans son action en faveur de Galilée. Derrière Diodati se trouve en effet tout un groupe de savants et d'érudits (les membres du cabinet des frères Dupuy : Gassendi, Mersenne, Peiresc, etc., et des savants étrangers comme Schickard ou Bernegger) qui voient naître grâce à Galilée une nouvelle façon de philosopher et souhaitent établir un dialogue direct avec lui.

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