La réception de la condamnation de Galilée en France
Michel Lerner
Observatoire de Paris
France
Par volonté expresse dUrbain VIII, il revenait à tous les Inquisiteurs et Nonces de faire connaître aux professeurs de mathématiques et de philosophie la sentence de condamnation et labjuration à laquelle Galilée avait été contraint le 22 juin 1633 à Rome.
Hormis quelques cas rares, on ignore comment cette "publication" sest déroulée tant en Italie que dans les autres pays catholiques. La connaissance des modalités de cette publication (ou non publication), qui serait importante pour la connaissance de la diffusion de la condamnation de Galilée au niveau européen, na pas encore fait, à notre connaissance, lobjet dune étude ni générale, ni particulière. On se propose ici dapporter quelques éléments relatifs au cas français.
Bien que le Nonce en France ait accusé réception le 1er septembre 1633 de copies de la condamnation de Galilée, et déclaré quil semploierait à en rendre publique la teneur devant les spécialistes désignés par la lettre daccompagnement du cardinal Antonio Barberini senior, on na pas gardé trace dinitiatives quil aurait prises en ce sens. Divers témoignages en 1636, en 1644, et plus tard encore, confirment que la Faculté de Théologie navait pas été saisie par le nonce Bichi, ni par son successeur Bolognetti, dune demande dapprobation des mesures prises à Rome contre Galilée. Doù il résulterait que faute davoir été promulguée par la Sorbonne et entérinée par le Parlement, la condamnation de lhéliocentrisme na jamais eu en France force de loi sur le plan juridique.
Pourtant linterdit frappant Galilée et son Dialogo (mis officiellement à lIndex en 1634) a bel et bien été publié en France, mais par un autre canal, celui du périodique et du livre. Dès la fin de 1633, puis en 1634, à nouveau en 1636, et encore en 1642, tout ou partie de la sentence et de labjuration de Galilée a été porté par la voie de l'imprimé à la connaissance du public français. On cherchera à préciser dans chaque cas les raisons de ces initiatives, et on se demandera si lapparente inertie de lEglise gallicane vis-à-vis de la condamnation du savant italien na pas été largement, et dans une certaine mesure, efficacement, contrebalancée par des initiatives dont certaines ont pu être directement inspirées par le pouvoir politique.
| índice |