Melchior Inchofer et l'arrière-plan de l'affaire Galilée
Thomas Cerbu
Athens University
Georgia, U.S.A.
Le rôle joué par le jésuite autrichien dans l'affaire Galilée est connu dans ses grandes lignes d'après trois éléments: le rapport, fort sévère, qu'il rédigea en avril 1633 en tant que membre de la commission chargée par le pape d'examiner le Dialogo sopra i due Massimi Sistemi; la publication en automne 1633 du Tractatus Syllepticus, dans lequel Inchofer défendait implicitement la récente condamnation du philosophe par le biais d'une attaque contre la doctrine copernicienne; et la composition vers 1635 d'un second traité, les Vindiciae S. Sedis Apostolicae Sacrorum Tribunalium et Authoritatum adversus Neopythagoraeos Terrae motores et Solis statores, qui resta à l'état manuscrit suite aux objections que lui portèrent les réviseurs jésuites. Cependant, ces éléments pour ainsi dire objectifs n'expliquent guère les circonstances qui ont mené Inchofer à prendre une part si active au procès de Galilée. Nous savons que lors même que l'Inquisition initiait ses démarches contre le Dialogo, en automne 1632, Inchofer était retourné à Rome après avoir enseigné durant plusieurs années à Messine, et qu'il préparait une édition corrigée de l'Epistolae B. Mariae Virginis ad Messanenses Veritas vindicata, ouvrage publié en 1629 qui lui avait valu (à lui aussi) des difficultés auprès des censeurs. Installé de nouveau à Rome, il devint à son tour consulteur de l'Index. Il allait jouir et de l'amitié du Maître du Sacré Palais, Niccolò Riccardi, dont il réciterait l'oraison funèbre, et de la protection du neveu du pape, Francesco Barberini, auquel il fournirait des informations concernant le mouvement janséniste. En tant que cardinal protecteur du Collegium Germanicum, l'institution où Inchofer avait été formé et à laquelle il resterait lié pour toute sa carrière, Barberini s'intéressa tout particulièrement au sort du jésuite, qui mérita d'être persécuté par la Compagnie pour sa part dans la publication, en 1645, de la Monarchie des Solipses, s'il n'en était en realité l'auteur. Nous proposons d'approfondir la question des liens d'Inchofer avec le cercle Barberini, et notamment de présenter des indices de sa participation à une enquête menée au sein même de ce cercle, avant le procès du Galilée, sur les 'erreurs' du philosophe.
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